Boîte à surprises guatémaltèque

Toune de circonstance à Jordan : Jungle Boogie – Kool and the Gang

Toune de circonstance à Jade : White Christmas – Bing Crosby

Toune de circonstance à Caro: Bailando – Enrique Iglesias

Toune de circonstance à Max: Car wash – Rose Royce

J169-J182 (20 déc 2015 au 2 janv 2016):

C’est avec l’Amérique du Nord dans notre petite poche d’en arrière que nous arrivons au Guatemala. L’entrée est gratuite et les douaniers sont forts accueillants. On déniche rapidement un gars louche dans la rue pour changer nos pesos en quetzales à un taux de change avantageux. On pédale une trentaine de kilomètres supplémentaires avant de commencer à chercher un endroit pour la nuit. C’est Irma et sa famille qui nous accueilleront. Ayant vu leur maison depuis la route, Jordan et Max ont envoyé leurs armes de séduction massive: les filles. Ça marche à tous les coups. Le changement dans le niveau de vie est frappant depuis notre entrée au Guatemala. Les gens sont vraiment plus pauvres, mais rien n’y change côté hospitalité et bonté. Les femmes de la famille vont même jusqu’à balayer la terre battue où nous plantons nos tentes! Au petit matin, celles-ci reviennent avec du café, du fromage frais maison et des oranges/mandarines cueillies dans le jardin. Délicieux! Nos débuts en Amérique Centrale sont ponctués de courtes montées à forts gradients et de belles descentes. De façon générale, les routes sont presque désertes en termes d’automobiles. En effet, la pauvreté « aidant », c’est davantage des motos qui nous dépassent. Peu de camions. On aime ça. Et ce n’est pas si perdu que ça en termes de villages! En effet, on avait regardé sur google maps pour voir les villages où se réapprovisionner et ils semblaient bien rares et distancés. Or, nous nous sommes sentis les premières journées dans ce pays comme dans une parade: la route est jalonnée de maisons et de petits commerces et les gens (surtout les enfants) courent vers la route pour nous saluer/crier gringos. Nous atteignons La Libertad au soir où nous couchons chez nos fidèles bomberos. Fait cocasse, ils sont vraiment petits et pas en shape et nous nous imaginons mal les voir courir avec leur attirail de pompiers.

Après un bon gruau agrémenté de lait condensé sucré, on continue vers le sud et c’est rapidement que la route s’arrête nette à Sayaxché, où un élément topographique représentant bien nos 6 derniers mois de vie de couple dans une minuscule tente — le Rio de la Pasión — oblige l’utilisation d’un vieux traversier propulsé par 4 moteurs de chaloupes pour continuer. En l’attendant sur le bord de la rivière, on se rend rapidement compte que c’est le bordel total:

  • Une fourgonnette est en panne tout juste dans l’aire de chargement du traversier et manque de freins.
  • Une pépine (rétro-excavatrice pour les coincés du français) fait de l’excavation à travers les autos attendant pour le bateau.
  •  Les autos qui sortent du bateau n’ont nulle part où aller, car les autos sur la rive attendant pour monter sont stationnées n’importe comment.
  • Un pickup de police arrive pour une raison inconnue en trombe et ne parvient pas à freiner à temps devant le tas d’autos, si bien qu’il emboutit un poteau électrique. La pépine est alors réquisitionnée pour sortir les policiers du fossé, qui n’ont pas l’air trop professionnels.

On arrive vivant de l’autre côté après une traversée gratuite accompagnée de musique pop américaine. Rendus à La Torrey en fin de journée, on s’arrête à l’Hôtel Jade en se disant que c’est un signe. Après l’avoir vécu, on se dit qu’on aurait dû filer de là sur le gros plateau. On s’est fait fourrer solide! À première vue, la chambre était très ordinaire, mais pour le prix (75Q, soit 15$ pour 4), on ne se plaint pas trop. La chambre n’étant pas prête, on leur laisse une heure. Ce délai passé, nous retournons voir pour constater que rien n’a été fait et que le prix n’était pas pour les 4, mais bien par personne. What?! On est un peu pris de court, car la nuit s’installe. Jordan s’énerve avec le propriétaire, qui feint de ne rien comprendre en anglais alors qu’il est totalement bilingue. En guise de rideaux, nous avons droit à des rideaux de douche encore mouillés cloués à même le mur. Après s’être installés dans ce douillet cocon, Caro remarque deux yeux qui nous épient à travers un trou dans le mur. C’est là qu’on se rend compte que tout juste derrière ce mur, c’est l’arrêt d’autobus et que les gens sont bien curieux. On ne se fait pas prier pour clouer notre belle bâche bleue sur le mur. La grosse classe. C’est le genre d’expérience qu’on n’oubliera pas de sitôt, car au final, on a beaucoup ri de la situation.

Après un déjeuner à écouter 23 décembre de Beau Dommage, une toune de circonstance, nous parcourons les 63 kilomètres nous séparant de la ville de Chisec dans l’avant-midi. Le simple fait de dîner à Chisec nous faisait bien rire. Si on avait su! Comme les filles ne voulaient pas manger à la place centrale en raison de supposés gars louches, c’est dans un petit parterre de gazon qu’on pique-nique. Le dîner est agréable jusqu’au moment où Jade nous faire remarquer que plusieurs personnes, autant hommes que femmes, viennent se soulager tout près. On vient pour ranger les trucs de lunch que Jordan découvre l’origine d’une petite odeur désagréable qui parfumait jusqu’alors notre pause: un immense étron humain toute juste à côté de sa roue avant, saupoudré de pages d’un cahier Guatemala (l’équivalent du cahier Canada) en guise de papier de toilette. On comprend alors pourquoi personne d’autre ne profite de ce beau gazon vert. Jordan a un léger haut-le-coeur d’autant plus qu’il vient de marcher dans un liquide inconnu. Au même moment, Max se rend compte que son sac étanche, utilisé comme chaise, est maintenant couvert de marde. Les deux gars capotent, alors que les filles sont ben crampées. On déguerpit donc rapidement. C’était notre dîner mémorable à Chisec.

Passé Chisec, on s’était fait dire que la route allait nous en faire baver. On n’a pas été déçu. On n’avait encore jamais vu de pentes aussi abruptes (style San Francisco) et longues. Notre vitesse moyenne en prend un coup. Alors que Max et Jordan attendent les filles en haut d’une de ces côtes, un pickup les dépasse avec des voix familières leur criant gringos. Ce sont les filles qui ont été embarquées par Oscar et Uglesia, qui ont eu pitié d’elles alors qu’elles poussaient leurs vélos. Les filles n’y vont alors pas par 4 chemins: soit vous embarquez avec nous, soit vous nous oubliez. Le choix fut facile. Et comme il ne restait plus de place dans la cabine, Max et Jordan doivent s’insérer style Tetris dans le tas de vélos/sacoches. Les gars pensaient s’éviter que quelques côtes, mais se rendent rapidement compte que les filles ont d’autres plans: se rendre à Cobán le soir-même. C’est 1 ½ heure plus tard et endoloris par la ride que les gars peuvent enfin sortir. Après coup, on réalise que ces ~50 km étaient VRAIMENT montagneux et qu’on s’est évité des heures de pédalage intense. On se déniche un cute hôtel pour la nuit du 23 et 24 décembre. La journée du 24 est consacrée aux appels dans les familles, au lavage, épicerie, manger des brownies et boire de la bière. Nous aimons également cette tradition des Guatémaltèques qui consiste à recouvrir le plancher de leurs commerces d’aiguilles de pin. Ça sentait mieux qu’à Chisec. Nous sommes trop crevés en soirée pour aller à la messe de minuit, mais pouvons tout de même entendre de nos chambres que l’utilisation de pétards (bombas) est très populaire ici pour souligner la naissance du petit Jésus.

Comme cadeau de Noël, nous nous offrons notre 10 000 ième kilomètre. On fête le tout avec une grosse quille de bière dans une station-service sur l’heure du dîner. Ça nous aide à nous motiver à pédaler en cette journée de fête. On se rend à Salamá, soit 100,0 km pile-poil plus loin. On dort sur un terrain vague appartenant aux policiers de la place. Joyeux Noël! On s’attendait pour le lendemain à une journée des plus épiques selon le profil topographique. Ça a été le cas. Les pentes descendantes étaient tellement prononcées que ce n’était même plus le fun de se laisser aller. Juste pour que vous compreniez, c’est là que Max a fait exploser sa chambre à air en raison de sa jante de roue avant trop chaude sous l’effet des freins. Et quand les descentes ne sont pas trop prononcées, elles sont en gravier lousse. Et on ne vous mentionne même pas les montées. On avait préalablement constaté sur google maps qu’une portion de la route semblait inexistante à la hauteur d’une rivière (Rio Grande O Montagua), ce qui ne nous stressait pas outre mesure étant donné notre expérience précédente à Sayaxché. On arrive à la dite rivière pour constater que la situation est quelque peu différente. Un pont existe, mais celui-ci est à moitié couché sur le côté en plein milieu de la rivière. Pour traverser, un homme nous attend, de l’eau à la taille, avec une planche de plywood déposée sur 4 chambres à air de moto. Pour 10 quetzales par personne, il nous tire d’une rive à l’autre. Belle expérience! On finit la journée à Trapiche Grande avec un petit 50 km en poche, totalement exténués.

Le plan de la journée suivante était de se rendre à Antigua. Mais à mesure que la journée défilait, le doute s’immisçait dans nos esprits, d’autant plus que plusieurs personnes était sceptiques quant à notre destination finale. En plus du 1500 m de dénivelée qui nous attendait, plusieurs portions consistait à des trails, le tout agrémenté de pentes de mongols. Les ingénieurs civils du Guatemala n’y vont pas par 4 chemins. C’est d’ailleurs la première fois où Jordan a dû monter une côte en poussant son vélo. Quant à Jade et Caro, elles en ont poussé toute une shot. Étonnament, nous nous rendons à Antigua à temps, avec l’aide du GPS de Max. Antigua est une très belle ville entourée de 3 volcans dont 1 est toujours en activité. C’est une destination très prisée des touristes, ce qui nous donne un choc après la dernière semaine dans le « vrai » Guatemala. D’un autre côté, ça fait du bien de trouver du bon café et du bon pain. On est chanceux de tomber sur Ale et Litto à la place centrale, qui nous invite à camper sur le terrain de leurs grands-parents pour la nuit. On apprécie cet endroit, si bien qu’on y reste pour notre séjour à Antigua. On profite de la dernière journée de Max et Caro avec nous pour s’offrir un trip d’une journée au Lac Atitlán. En gros, on visite en bateau 3 villages à flanc de volcan où nous découvrons l’artisanat local (peinture, textiles). C’est vraiment joli et nous revenons complètement enchantés par cette journée. Ça valait le 6 heures d’autobus! Caro et Max nous quittent le 30 décembre après 2 semaines bien remplies à partager de merveilleux moments. Ce fut franchement agréable d’avoir de la compagnie pour Noël. N’hésitez-pas à les imiter!

Sinon, nous passons encore quelques jours ici à se reposer et à tenter de soigner le ventre de Jordan qui fait des siennes. Nous pensons repartir le 4 en direction du Salvador.

¡Feliz Año Nuevo!

Jade et Jordan

3 réflexions sur “Boîte à surprises guatémaltèque

  1. Bonjour les tourtereaux, c’est Mario Ouellette
    Je ne suis pas media sociaux mais je capote a tout les fois que je lis de vos nouvelles et photos.
    je verifie a chaque jour pour voir si vous allez me faire encore tripper de part vos peripheties et votre debrouillsrdise

    Continuez votre beau voyage que je considere valoir 2 doctorats

    bye et gros bisou a vous deux , meme Jordan

    Mario

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