Trip à trois andin, sans préliminaires

Toune de circonstance à Jordan : Walkabout – Red Hot Chili Peppers

Toune de circonstance à Jade : Un peu plus haut, un peu plus loin – Ginette Reno

Toune de circonstance à Josiane : Ain’t no mountain high enough – Aretha Franklin

J257-268 (17-28 mars 2016):

L’arrivée de Josiane rime avec la visite du Museo de la Caña de Azúcar, non loin de Palmira. On part donc sans sacoches histoire de la réchauffer aux semaines à venir. En gros, la visite fût agréable, mais ça ressemblait davantage à un jardin botanique qu’un lieu où on apprend toutes les subtilités de la fabrication du sucre. L’aventure sur la route reprend au lendemain, alors qu’on se rend jusqu’à Santander  et ça roule tellement bien qu’on y dîne! Les pompiers sont une fois de plus nos hôtes. Avant d’y arriver, on décide d’aller prendre une pause à Puerto Tejada. Faut croire que la place est dangereuse, car des policiers à moto nous escortent tout le temps que nous y sommes. Ils vont même jusqu’à attendre alors qu’on prend notre pause dans une petite panadería. Honnêtement, on ne voyait pas où était le problème…

On quitte les pompiers assez tôt après une nuit ponctuée d’une alarme tellement forte que nos tympans ont pleuré. Première journée de vraie montée depuis un bout, on monte d’au moins 1000m à travers les plantations de café. C’est beau. On file ça jusqu’à La Venta, où un barrage de soldats le long de la route — ceux-ci sont en plein exercice national — acceptent que nous campions à côté de ceux-ci pour la nuit. Laissez-nous vous dire que les soldats canadiens sont traités aux petits oignons! Ça fait des mois que ceux-ci dorment à même le sol la nuit! On a été surpris de leur apprendre ce qu’étaient des champignons. On part tôt le lendemain, car ils n’ont pas de toilettes (?!). On roule jusqu’à la prochaine station-service où un gars sorti de nulle part paye notre épicerie du déjeuner. Merci! Comme c’est dimanche, il y a beaucoup de cyclistes sur la route, la Colombie est vraiment pro-cyclisme, ce qui est parfait pour nous. On pousse ça jusqu’à Rosas, où une descente de fou nous attend pour le lendemain. Le paysage est vraiment grandiose, les montagnes sont vertes, ça roule vite en descente. Parfait! Ne trouvant pas où dormir en fin de journée, on s’essaye chez une ferme de bétail et c’est rapidement que nous sommes accueillis chez eux. Comme il fait vraiment chaud, ils nous parlent d’un “bassin” où il est possible d’aller nager. Les filles mettent donc leurs bikinis et c’est parti! Le hic, c’est que tous les hommes de la ferme nous accompagnent et que le “bassin” en question n’est nul autre que la réserve d’eau pour le bétail. On décide tout de même d’y faire trempette, mais au contraire de Jordan qui y plonge sans réserve, les filles, elles, y vont toutes habillées, le troupeau de voyeurs ne les convaincant pas. Ce fût tout de même rafraîchissant.

Au lendemain, le paysage change drastiquement après El Remollino. Ce dernier passe d’un décor désertique en matinée à des montagnes de fous en après-midi. On continue à monter le jour suivant et l’on recroise Trio for Rio, trois cyclistes allemands rencontrés précédemment en Baja. Deux de ceux-ci dépassent les filles alors qu’ils se tiennent à la remorque d’une van de transport. Pas étonnant qu’ils maintiennent une moyenne de 90 km dans les Andes! On finit cette séquence de montée en prenant une journée off à Chachagüí à l’hostel Kumdur. La piscine, la grande cuisine, ainsi que le wifi et les hamacs ont séduit les filles qui avaient besoin d’un repos. Jordan n’a pas eu le choix de suivre.

Petite journée de retour en selle alors “qu’on ne se rend qu’à Pasto”, le dénivellé n’aidant pas. Il fait frette et Jordan roule en souliers pour la première fois depuis des lunes. On arrive affamé à Pasto, mais comme c’est le Vendredi Saint, presque tout est fermé. Adieu café fancy et crêperies! On finit par dénicher un minuscule restaurant qui est ouvert pour la simple raison qu’il sert uniquement du poisson! Délicieux tout de même. On finit chez notre hôte WS en compagnie d’un couple germano-chilien voyageant avec un chien serbe en plus d’une famille allemande avec leur garçon de 5 ans. À côté d’eux, on se trouvait bien léger.

On se rend pour dîner le lendemain à 3200 m d’altitude où on n’a encore pas le choix de manger du poisson. S’ensuit une descente de 25 km trop malade où l’on rencontre en bas deux motards québécois partis du Québec. Pour la première fois du voyage, on campe dans un parc aquatique après avoir assisté de près à un accident de voiture live dans nos dos. Que dire de plus pour cette journée de Pâques que nous avons encore monté plus de 1000 m! En arrivant en haut de la côte, un restaurant ne servant pas du poisson y trône! La viande est toutefois différente: nos premiers cochons d’Inde (prononcé cuyes en espagnol, soit littéralement couille)! Mettons qu’il n’y a pas beaucoup de viande après ces petites bêtes-là et que de bien cuire la viande aiderait peut-être à nous faire aimer ce produit du terroir. Jade a rendu les chiens errants bien heureux alors qu’elle leur a donné une bonne partie de son défunt rongeur. Ensuite, on a eu la brillante idée de se rendre en cette sainte journée à une des églises les plus visitées d’Amérique du Sud, el Sanctuario de Las Lajas. Il y avait du monde à la messe, mais l’église valait néanmoins le détour. Petit conseil si la destination vous intéresse, allez séjourner à la Casa Pastorale, un vrai havre de paix pas cher pantoute. On y a d’ailleurs pris une journée off.

J269-274 (29 mars – 3 avril 2016):

Après avoir fait le plein de bouffe du côté colombien, on franchit les douanes hyper facilement et nous nous rendons à Tulcán, où on arrête ça là alors que les pompiers nous accueillent. Bon à signaler, il semble n’être pas possible de remplir d’essence des contenants (ex: bonbonne à réchaud) du côté équatorien près de la frontière. Faites le plein du côté colombien. Nous quittons tôt les pompiers au lendemain et, après avoir acheté les quatre choses essentielles selon Jade, soit de l’eau, de l’essence, des bananes et du papier de toilette double épaisseur, on peut s’attaquer à la montée sur piste nous amenant à la Reserva Ecologica El Angel. La piste est initialement belle et on est heureux qu’elle soit utilisée par les locaux, parce que la police, elle, nous donne de mauvaises indications jusqu’à la réserve! À mesure qu’on monte, les fermes de patates — récoltées à la main — se raréfient pour laisser toute la place au paramo, un écosystème alpin spécial retrouvé qu’en Colombie/Équateur. En gros, c’est comme une tourbière au sommet des montagnes et parsemée de l’immense plante frailejones, Espeletia pycnophylla, avec ces feuilles douces comme des oreilles de chien. Le paysage ressemblait à rien de comparable et le silence total rendait ce lieu presque magique à nos yeux. Malgré la pluie et la piste qui a vite tournée en boue et/ou en voie romaine exécrable pour nos péteux, on arrive ébahi au sommet, soit à près de 3800m. Par notre plus grand bonheur, le garde-parc nous propose de dormir à l’intérieur de l’édifice d’accueil. Il faisait vraiment frette et on se réchauffe avec des petites tisanes. Avant de quitter cet endroit qui est déjà un de nos highlights du voyage, on parcoure le sentier pédestre qui se rend jusqu’à la lagune. Encore une fois, ce fût très joli, mais on ressent l’effet de l’altitude. On était un ti peu essouflés!

À force de monter, il faut bien descendre un jour. Une looooooooooooongue descente s’ensuit donc avec initialement une “voie romaine” où Josiane en pète ses sacoches Ortlieb. On retrouve éventuellement le bitume et après cette descente interminable de près de 2200m de dénivelé, c’est chez les policiers que nous trouvons refuge pour la nuit après avoir rejoint la Panam. Après avoir pédalé un peu plus avec encore de belles montées, nous squattons la salle de conférences de nos hôtes préférés, les pompiers d’Otavalo. Ces derniers ont d’ailleurs fait monter les standards d’accueil des combattants du feu en nous proposant non pas de rester coucher une nuit, mais trois! Eau chaude, cuisine et laveuse inclus! On est vraiment chanceux! La ville est réputée pour son marché d’artisanat, et Jordan croit bien que Jade et Josiane avaient mis un gros X sur la carte depuis longtemps. À leur grand plaisir, nous y sommes le samedi, la plus grosse journée d’exposants de la semaine.

On reprend la route lundi en direction de Quito où d’autres montées nous attendent immanquablement. D’ici là, Jordan essaye de reposer ses talons d’Achille qui le font souffrir. Des suggestions de traitement?

Bye,

Jordan, Jade et Josiane

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