Comme une boule de bowling

La balade de vélo entreprise par Jade et moi il y a déjà plus de dix mois nous apporte beaucoup. En plus de visiter les plus beaux endroits le long de notre descente des Amériques, cette expérience nous fait réaliser que la vie est une successions de petites rencontres/événements qui forment un tout en bout de ligne. Parfois, il arrive que je sois déçu qu’on n’ait pas complété la distance planifiée pour une journée donnée, mais réalise par la suite que telle rencontre ou tel événement ne serait pas arrivé si nous ne nous étions pas arrêtés avant.

J’ai de la difficulté avec la lenteur en fait. Même qu’au tout début du voyage, je ne comprenais pas comment Jade faisait pour être si lente! D’où mon inconfort avec le fait qu’elle traîne autant de trucs visant justement SON confort (i.e. sa fameuse chaise, son linge à ne plus finir). On a même eu des engueulades à ce sujet. Voyager à deux en vélo, c’est pas rose tout le temps.

Éventuellement, j’ai appris à vivre avec le rythme de Jade. Je lis ou je prends des photos en l’attendant en haut des côtes. Des fois, je la suis simplement en essayant de ne pas trop lui bumper sa roue arrière. Petit à petit, nos rythmes se sont synchronisés, ce qui fait qu’aujourd’hui on forme même une meilleure équipe qu’à notre départ d’Edmonton. Quand je dis « synchronisés », c’est en fait mon rythme personnel qui a été ralenti, celui de Jade étant déjà à pleine capacité.

Or, récemment, j’ai fait déraillé notre progression. La vie nous fait parfois prendre de drôles de directions. Et bien dans mon cas dernièrement, c’est tout droit dans le dalot: Tendinites sévères chroniques. Trois mots insultants, frustrants et déstabilisants. Une gifle au visage. Mon corps qui me dit « non ». T’avances plus. T’as trop mal pour continuer. C’est pas mal la première fois que ça arrive. Arrêter pour que mon corps récupère? Aller chez la physio à chaque jour? M’acheter des buckets pour faire des traitements chaud-froid et tâcher de marcher le moins possible? J’suis tu rendu une moumoune coudonc? Je ne crois pas, mais il reste que je suis rendu un facteur limitant. Pas top comme feeling. Surtout quand t’es ben orgueilleux. Pis fier.

Mais comme une boule de bowling qui se perd dans le dalot sans atteindre sa cible initiale, j’espère que j’aurai ma deuxième chance prochainement. Pour l’instant, je fais ben de la croissance personnelle (salut maman!) et travaille ma dureté du mental.

Pas évident. Mon plus gros défi du voyage.

Bye,

Jordan

Crédit photo: Orignaux Moose via Compfight

3 réflexions sur “Comme une boule de bowling

  1. C’est ce qu’on appelle ‘Apprendre à vivre avec son corps’!
    Je peux vous confirmer qu’à l’aube de la soixantaine, le mien se fait un malin plaisir de me ramener à l’ordre…quand c’est pas le physique, c’est la mémoire qui déraille un peu!
    Lâchez pas et profiter de chaque seconde que vous propose la vie!

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  2. Que voilà un grand texte!
    Sur vos propos lus au premier degré, nous avons vécu en 2009 un apprentissage semblable, rouler ensemble dans la vie et à vélo en tentant de synchroniser nos vitesse et nos arrivées au sommet … C’était en Toscane, lors de notre premier voyage à vélo ensemble.
    Puis en 2011, nous avons eu une grande révélation! Notre synchronisation était bien meilleure quand nous étions montés sur le même vélo, et que nous pédaliers étaient reliés par une chaîne! Ainsi, c’est en tandem que nous avons traversé les Pyrénées, puis ensuite tous nos autres voyages à vélo!
    Je me relis sans trop parvenir à démêler le premier degré du second degré. Ce qui est sûr, c’est qu’en tandem, nous allons ensemble bien plus vite, bien plus loin, et avec bien plus de plaisir! Quel grand bonheur de voyager à deux, à vélo comme dans la vie!

    Normand, Hélène
    http://www.crazyguyonabike.com/doc/tandem-et-cie-tdm-pion-giguere
    http://www.crazyguyonabike.com/doc/NormandetHelene

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    1. Quel beau texte. J’ai failli verser une larme.
      Une expérience de plus ou un apprentissage de plus… que chaque cycliste à vécu. Tu te crois le plus fort, tu grognes contre ta partenaire qui n’avance pas assez…. Et puis un jour c’est toi qui à la chiasse, mal au dos, pas les jambes…Ca apprend la vie et renforce la vie de couple.
      Sur un voyage comme celui là, rien ne sert de courir. Ushuaia n’est plus qu’à 8 000 km. Même en faisant moins de 40 km par jour, le point sera atteint avant Noël.
      Repose toi bien Jordan. Mais sans te torturer la tête. C’est encore plus douloureux que les jambes.
      On se revoit bientôt. On à hâte. Surtout si Jade à pratiquée ses livres de cuisines….

      Patricia et Christian

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